mardi 20 janvier 2015

Charlotte David Foenkinos ♥♥♥♥♥

Charlotte                    

David Foenkinos



     challenge rentrée littéraire 2014 1% logo


Collection Blanche
Gallimard
Parution : 21-08-2014
224 pages
140 x 205 mm
ISBN : 9782070145683
Prix conseillé 18.50 euros



Avis de l'éditeur


Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique,Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.


Mon avis

Sans conteste, mon premier coup de ♥ de l'année.

David Foenkinos nous retrace ici la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre de talent, née au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle meurt enceinte à l'âge de 26 ans à Auschwitz.

David Foenkinos se met en scène dans cet exo-fiction.  Il nous explique qu'il a toujours été fasciné par Charlotte Salomon.  Le prénom de Charlotte est d'ailleurs présent dans de nombreux romans précédents, tout comme des personnages parlant la langue allemande.

Charlotte le hantait mais il ne savait pas comment sortir de lui ce qui l'habitait, comment nous en parler.  Un jour, c'est apparu comme une évidence.  De très courtes phrases suivies d'un point.  Mélange de poésie-prose.

Une écriture magnifique.  Ces courtes phrases apportent une dimension particulière.  La ponctuation finale semble suspendre le temps.  Permet une respiration, un temps à la réflexion.  J'ai trouvé que cela augmentait fortement l'intensité des propos.

Ce long poème-prose est rempli de sincérité, d'authenticité, d'émotions, pour nous conter le destin tragique de Charlotte.

Cette jeune femme est née à Berlin le 16 avril 1917.  Elle découvre son prénom sur une stèle dans un cimetière, celle de sa tante qui s'était suicidée dans la rivière.  A huit ans elle perd sa maman, d'une grippe lui dit-on.  La malheureuse s'était défenestrée. Les antécédents sont lourds dans la famille de Charlotte.

Son père Albert Salomon est peu présent, il se consacre corps et âme à la médecine.  Paula, cantatrice deviendra sa belle-mère et apportera un peu de chaleur humaine dans le foyer.

1933, la haine arrive au pouvoir.  Charlotte découvre la peinture et rentre difficilement aux Beaux-Arts.  Elle est douée.  La peinture deviendra un peu plus tard toute sa vie. Leben ? oder theater ?

Je ne veux pas vous en dire plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture si ce n'est qu'Otti Moore et le docteur Moreti joueront un rôle important pour elle.

David Foenkinos raconte à la première personne.  Il a visité les différents endroits où Charlotte est passée. Il nous transmet son émotion.  Il m'a vraiment donné envie de découvrir la peinture et la vie de Charlotte.  Son oeuvre se trouve à Amsterdam au Musée juif si l'envie vous en prend, elle n'est malheureusement pas toujours visible.

J'ai lu ce roman quasi d'une traite.  J'étais emportée par l'écriture même si j'avais envie de ralentir, pour la prolonger afin que Charlotte vive un peu en moi.  J'en suis sortie émue, bouleversée, un récit qui vivra en moi encore quelque temps.  C'est ce qui fait à mon sens la réussite d'un livre, on ne l'oublie pas, il reste ancré en vous.

Pour rappel il s'agit du Prix Renaudot et Goncourt des lycéens de cette année 2014.

Ma note : le maximum un véritable coup de ♥


En savoir plus sur Charlotte




Les jolies phrases

Les morts ne peuvent pas écrire aux vivants.

Être dans son monde, cela engendre quoi ?
La rêverie, et la poésie sûrement.
Mais aussi un étrange mélange de dégoût et de béatitude.
Charlotte peut sourire et souffrir en même temps.

Evidemment, sa grand-mère l'aime profondément.
Mais il y a une face noire dans son amour.
Comment cette femme peut-elle s'occuper d'une enfant ?
Elle, dont les deux filles se sont suicidées.

Être artistes, intellectuels, médecins.
Certains persistent à croire que ça passera.
Ce sont les conséquences logiques d'une crise.
Il faut toujours des responsables aux malheurs d'un pays.
Charlotte assiste aux discussions des anéantis.

Elle pourra encore donner des récitals.
Dans un théâtre pour juifs, avec un public juif.
La version culturelle d'un ghetto.

Certaines filles se découvrent une ascendance juive.
D'une seconde à l'autre, elles passent du côté des bannies.
Mauvais sang.

Mais existent-ils des mots qui atténuent la haine des autres ?

Devant certains tableaux, son coeur bat comme pour un amour.
Cet été 1933, c'est la réelle naissance de son évidence.

Il existe un point précis dans la trajectoire d'un artiste.
Le moment où sa propre voix commence à se faire entendre.
La densité se propage en elle, comme du sang entendu dans de l'eau.

Après les livres brûlés, les tableaux couverts de crachats;

Le livre que l'on cherche n'est pas forcément celui que l'on doit lire.
Il faut regarder celui d'à côté.

La liberté est le slogan des survivants.

C'est bien là le privilège des artistes vivre dans la confusion.

L'essentiel ; c'est que les mots aient été écrits.
Le reste n'a pas d'importance.
Nous ne devons plus laisser de preuves aux chiens.
Il faut ranger nos livres et nos souvenirs en nous.

Oui, ils sont dignes.
On sent la volonté de ne pas offrir en plus du reste sa douleur.
C'est la seule chose que l'on peut conserver.
Quand on n'a plus rien.
L'envie de se tenir droit.

La mort est partout !
Partout !
Il faut mourir avant que la mort ne nous prenne.

Le sommeil est le seul endroit où elle semble être à l'abri d'elle-même.

Le suicide est une mort que l'on ne donne pas à l'ennemi.

Elle doit vivre pour créer.
Peindre pour ne pas devenir folle.

Une révélation est la compréhension de ce que l'on sait déjà.
C'est le chemin qu'emprunte chaque artiste.


L'avis des copines




Lecture commune avec JosteinAriane et Lydie

et les copines de Lecteurs belges compulsifs

Evasions julivresques

Les petites lectures de Scarlett

Carnet de lecture

5 commentaires:

Jostein a dit…

En lisant ta chronique, je sens qu'effectivement tu as beaucoup aimè ce récit. Certains détestent, d'autres aiment, mais j'ai rarement lu un avis aussi enthousiaste. Je suis ravie de t'avoir accompagnée pour cette lecture.

tant qu'il y aura des livres a dit…

Comme le dit Jostein, on sent en effet ton enthousiasme dans ta chronique ! C'est ce qui est beau dans la lecture, les émotions que des mots peuvent susciter.
J'espère que nous partagerons une autre lecture commune.

Unknown a dit…

mon amie l'a lu & a eu du mal .. Il est dans ma PAL, on verra bien ..

Anonyme a dit…

On sent que tu as pris beaucoup de plaisir dans cette lecture. Après avoir été dérangée par la forme, elle m'a beaucoup plus. Charlotte est une femme formidable mais je suis un peu restée sur ma faim. J'aurais voulu que David Foenkinos en fasse un peu plus.

nathalie vanhauwaert a dit…

C'est vrai que j'ai vraiment aimé ce livre, il m'a emporté. Je comprends que l'on aurait pu aimé d-que Foenkinos soit plus "approfondi" mais moi cela m'a vraiment donné envie d'en savoir plus par moi même.

Je suis curieuse de lire ton avis Mademoiselle la fée. Au plaisir.