dimanche 18 octobre 2015

Quand les ânes de la colline sont devenus barbus John Henry ♥♥♥♥♥

Quand les ânes de la colline sont devenus barbus

John Henry



Editions Diagonale
Isbn  9782960132120
Mars 2015
16.50 euros
version numérique via librel 


Quatrième de couverture


"J’avais glissé une photo de Jackie Kennedy dans la poche de mon pantalon et le soir je la posais sous mon oreiller et je dansais, dansais jusqu’à en devenir ivre. Mes sœurs disaient : on est si fières de toi, Jack, tu deviendras le plus fortuné et le plus beau de la colline. (…) Le sol tournait et mes sœurs riaient fiévreusement et soudain il n’y avait plus de problèmes, il n’y avait jamais eu aucun problème et il n’y aurait jamais plus d’obstacle dans nos vies, je voulais que ce moment demeure éternel, dans la jouissance naïve de l’instant, que demain mes sœurs et moi nous sortions acheter de beaux vêtements et que nous vendions ensemble des œufs en étoile, aux carrefours de la ville. (…)

-Un jour vous marcherez dans la rue avec moi, le visage découvert et nous danserons jusqu’à devenir fous.

-Tu sais que ce n’est pas possible…

-Il nous faudrait quitter l’Afghanistan.

John Henry, Quand les ânes de la colline sont devenus barbus, éditions diagonale, mars 2015

Dans une langue tendre et poétique, l’auteur nous livre une aventure hors du commun, inspirée de faits réels, et signe un premier roman vibrant, percutant.


A cause de la folie des hommes, Jack de Kaboul épouse une vie paradoxale, tissée sur le fil. Résister jusqu’à embrasser une double vie, forcer le destin et s’enfuir, tel est le prix de la liberté pour certains enfants d’Afghanistan."

Présentation par l'auteur




Voilà. Je ne parle pas (encore) de moi à la troisième personne et je ne parle pas (encore) de mon écriture en des termes si élogieux. Tu l'as compris cher mon lecteur, ceci est le texte de l'éditeur. Je n'ai rien eu à dire. En même temps, je n'ai pas grand chose à dire : il est bien emballé ce texte de présentation et plutôt flatteur. C'est toujours délicat un quatrième de couverture, on aimerait que ça soit fidèle au texte, ce qui est le cas ici, mais on aimerait surtout que ça te donne envie d'aller plus loin et de lire. Si je dois te donner envie, je dirais que j'ai écrit ce manuscrit à Rome, en résidence d'auteur, en écoutant CocoRosie, en mangeant des cacio e peppe et en pensant à l'histoire de Jack, un enfant de Kaboul, un personnage qui existe. Qui est fait de chair et d'os. Qui est réel. Jack de Kaboul existe. Au début d'un film on écrirait : inspiré de faits réels.

Si je devais te présenter mon résumé minimaliste, je te dirais quelque chose comme : "Dans ce roman, il est question d'Afghanistan, de Bruxelles, d'une colline sous l'antenne de télévision, d'identité, de sacrifices et d'ânes. Avec de la barbe. Et d'oeufs aussi. Des oeufs en étoile. C'est bon, parait-il." Et si on parle du quatrième de couverture, est-ce qu'on parle aussi de la couverture ? Tu devrais le sentir ce papier qui a des allures de matelas. C'est d'ailleurs sa principale qualité, cette douceur matelassée, parce que pour ne pas te mentir je l'aurais préférée colorée notre couverture. Mais l'important c'est : est-ce que toi tu l'aimes ?

source : blog de l'auteur

Mon avis

Il y a quelques semaines, j'ai été contactée par John Henry. Il me proposait gentiment de lire son premier roman en échange d'une critique.  Un premier roman dans une nouvelle maison d'éditions namuroise dont je vous parle sous peu.

J'ai parcouru la quatrième de couverture, le livre m'a intriguée, le sujet m'intéressant, j'ai accepté et je ne le regrette pas car ce premier roman est un petit diamant brut dont la plume poétique nous emmène vers un voyage hors du commun.

Comment vous faire partager mon enthousiasme sans trop déflorer le sujet afin ne ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte ?

Nous sommes à Kaboul. Au sommet de la colline vit Jack et sa famille.  Il rêve comme ses soeurs d'aller à l'école, de s'instruire pour mériter une autre vie.  Cependant, la réalité économique est tout autre.  Jack devra faire vivre sa famille, reprendre le commerce de son père.  Il décide qu'il deviendra riche et vend des oeufs en étoile au carrefour près de l'école.  Les affaires marchent bien, il s'impose tout en rêvant le soir devant les photos de Jackie Kennedy. Elle symbolise la réussite et la liberté.

Tout semble bien parti pour Jack mais la veille de ses vingt ans, des barbus le recherchent et viennent menacer , violenter sa famille.  Sa vie est menacée, celle de sa famille surtout. Alors il prend la fuite vers l'Occident, vers Bruxelles.

Jack est un bacha-posh. Je ne veux vous en expliquer plus pour ne pas vous enlever la découverte à la lecture car moins vous en savez, meilleure sera la découverte.

Ce récit m'a fait voyager dans tous les sens du terme.  Il m'a emmenée à chaque fois ailleurs, là où je n'imaginais pas me rendre.  J'ai été surprise à chaque fois par ce parcours d'un enfant de Kaboul groupie de Jackie Kennedy.

Une écriture poétique, forte en émotions.  J'ai fait corps avec le personnage de Jack, le "je" créant multitudes d'émotions, l'alternance de la troisième personne amenant une autre dimension au récit.

Quelques thématiques : la condition de la femme en Afghanistan, la notion de liberté, de guerre, la condition des sans papiers  (grève de la faim, leur vie chez nous), l'islamisme, l'intégrisme... dans ce voyage entre deux continents.

Surprises, émotions fortes, rebondissements , culture et informations sont au rendez-vous.

Un premier roman qui vient de recevoir le Prix de la Roquette à Arles, il est en lice pour le Prix du Premier Roman de Chambery

Merci John Henry d'avoir mis votre roman sur ma route, je lui souhaite longue vie et succès. Je suis conquise.

Comme ce livre véhicule une valeur fondamentale à savoir la recherche de la liberté, il se doit de le transmettre.  Si vous aussi vous souhaitez donner votre avis en toute liberté sur votre blog, Babelio, les réseaux sociaux, faites-moi signe car ce livre va voyager.  Il a déjà pris la route de Bruxelles chez deux lectrices.  Chez qui ensuite ??


Encore un coup de ♥


Les jolies phrases

Les mots ne sont pas seulement des alignements de lettres qui disparaissent avec le vent.  Les mots transforment la réalité.

Cette nuit-là j'ai su que les choses étaient en train de changer.  Pourtant seuls les mots avaient été prononcés, lentement encore.  La vie est parfois si étrange.

Il y avait cette colère blanche au fond de moi, ces colères que rien ne peut apaiser sinon la haine, une haine qui se colle au fond du crâne et empoisonne toutes les pensées.  Je devais oublier.  Oublier.

L'Afghanistan était ma terre et personne ne peut abandonner sa terre, je ne désertais pas, les fous n'auraient pas raison de moi, les fous ne devraient avoir raison de personne, leur folie brûle et consume les cerveaux, broie les êtres et terrorise, leur folie a le goût de l'opium qu'ils cultivent et vendent et c'est toujours plus de folie qui s'empare des âmes peureuses. Le venin ne pénétrerait jamais en moi. Je résisterais. Jusqu'au bout. Il n'y aurait pas de renoncement.  Les hommes vaillants résistent , Fakir était entré en résistance, je suivrais la légende de notre âne, Fakir le valeureux. Même si à cet instant j'avais peur. Terriblement peur.

On m'avait dit de fuir.  Pour vivre ma vie.  Et protéger ma famille.  Il fallait que je protège ma famille, je leur devais au moins ça.  Les sacrifices ne valent rien s'ils ne servent à personne.

Mais est-ce qu'il n'est pas bon d'être bouleversé de temps à autre ?  De vivre autre chose.

On peut voyager des années, des siècles même, mais on appartient qu'à un seul endroit.

Rien ne s'efface jamais.  Nous passons et le temps n'oublie pas.

On essaie de choisir sa vie, Bahar.  Mais bien souvent c'est la vie qui choisit.

L'Afghanistan n'est pas un pays qui te pardonne.  Si tu veux survivre il faut t'adapter, tu sais ?  Peu importe la morale.  Peu importe.  Il faut s'adapter. Il faut survivre.  Survivre, n'est-ce pas le plus important ?

les pages 183 et 184

1 commentaire:

zazy a dit…

Joh Henry m'écrit que tu fais voyager ce livre t que je peux m'inscrire sur la liste.
Est-ce toujours valable ? Si oui, j'aimerais beaucoup lire ce nouveau roman d'unauteur que j'ai découvert avec "Trois ombres au soleil "