mardi 17 novembre 2015

Les gens dans l'enveloppe Isabelle Monnin ♥♥♥♥♥

Les gens dans l'enveloppe

Isabelle Monnin






















JC Lattès
EAN : 9782709649834
Parution : 02/09/2015
370 pages
22.00 €


Avis de l'éditeur

Roman et enquête écrits par Isabelle Monnin
Chansons d’Alex Beaupain

En juin 2012, j’ai acheté sur Internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne savais rien. Les photos me sont arrivées dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l’enveloppe, il y avait des gens à la banalité familière, bouleversante. Je n’imaginais alors pas l’aventure qu’elle me ferait vivre.

J’allais inventer la vie de ces gens puis je partirais à leur recherche. Un soir, j’ai montré l’enveloppe à mon meilleur ami, Alex Beaupain. Il a dit : « On pourrait aussi en faire des chansons. » L’idée semblait folle.

Le livre contient un roman, un album photo, le journal de bord de mon enquête et un disque, interprété par Alex, Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Françoise Fabian. Les gens de l’enveloppe ont prêté leur voix à deux reprises de chansons qui ont marqué leur vie.

Les gens dans l’enveloppe est ainsi un objet littéraire moderne et singulier. Faisant œuvre de vies ordinaires, il interroge le rapport entre le romancier et ses personnages. Il est surtout l’histoire d’une rencontre, entre eux et moi.


Mon avis

En juin 2012, Isabelle Monnin achète sur Internet un lot de 250 photos.  Ces photos l'accompagneront deux ans et demi.  De cette famille dont elle ne sait absolument rien, elle créera une vie, une histoire, un destin.  Elle essaiera de les retrouver pour de vrai, de les rencontrer.  Elle les apprivoisera, partagera leur vie, deviendra presque intime.

Une famille ordinaire, des gens à la banalité familière, mais non Isabelle dit "Je crois que toute vie vaut la peine d'être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres.  On racontera  une époque, une terre, un petit monde.  On racontera la vie des gens dont on ne parle jamais.  Elle vaut autant que celles dont on parle - autant et si peu."

Isabelle Monnin arrive ici avec un objet particulier, un triptyque où dans la première partie elle invente une histoire extraordinaire à ces gens.  Elle m'a bouleversée, émue, tenue en haleine jusqu'au bout du roman.  Cela pourrait s'arrêter là, mais Isabelle se pose des questions : à qui appartiennent les photos? A elle ? Aux gens ?  Peut-elle les utiliser ?   Des questions qui la poussent à retrouver les gens.

C'est ce qu'elle partage avec nous dans la seconde partie sous la forme d'un journal d'écriture qui nous les présentera.  Là, quelque chose d'extraordinaire se passe, le fil se dénoue, on remonte peu à peu à chacun et cela fonctionne, on a envie d'en savoir plus.  Je pense que c'est l'amour, l'attention qu'elle leur porte, la confiance qu'ils lui donnent qui fait que la sauce prend si bien.

Pour terminer le tout, Alex Beaupain habille le tout de chansons et enregistre avec eux, grâce à une belle complicité des chansons qui racontent le roman.  Je les ai écoutées avec beaucoup de plaisir et une fois de plus l'émotion était au rendez-vous.

Bravo Madame Monnin, merci aux gens, un petit coup de coeur pour la sensibilité et l'émotion de ce roman.

Un coup de ♥


Si vous n'êtes pas convaincu, je viens de regarder la vidéo de ONPC , regardez-la ,  je suis certaine que vous allez avoir envie de le lire.



Les jolies phrases

Le silence, c'est pour être certaine d'entendre, une arme de sioux.  Je regarde le ciel, j'écoute les nuages et la terre.

Je me tais encore mais il n'y a plus le silence, il n'y a plus la solitude, il y a nous deux et un petit ballon excité fait rebondir nos prénoms jusqu'à tout le temps, Sébastien, Laurence  Laurence  Sébastien.

Sa tendresse est la mer que j'attendais pour savoir nager.

Les jambes de Michelle agitées d'orties.  Aucun endroit où elle puisse poser son corps sans chercher les issues, aucune place dont elle puisse dire Ici est ma place.

Son chariot est une chaloupe qui appelle Michelle, un canot de sauvetage qu'elle prendra, bien sûr qu'elle le prendra, regardez-là, elle est déjà à bord.

Disparue c'est orpheline sans l'être, c'est tu peux bien gueuler personne ne t'entend.

Où vont les secrets quand il n'y a plus personne à qui les cacher ?

Ne pas avoir eu d'enfance est un trou qu'on ne remplira jamais.

On ne retient pas la vie, on peut juste s'en souvenir.  La vie est comme les secondes, elle se fiche de nos efforts, elle coule dans un perpétuel effacement.  Du sable entre les doigts, une goutte d'eau sur une pierre chaude.

J'ai compris qu'avoir une amie est une chose qui ne s'explique pas, une sensation pleine qu'on ne peut pas dire. C'est comme se sentir en vie, une chose à laquelle on n'a pas besoin de penser.  Au contraire : si on y pense, ça s'évapore.

Elle attend la mort comme elle attendait la naissance lorsqu'elle a porté.  Le désir de vivre et le désir de mourir à égalité, pas de préféré.  Les deux pareils, ses enfants chéris, ses petits si mal aimés.

J'écris des points de suspension à défaut de savoir dessiner l'émotion, fossile liquide de chagrins anciens, qui noie la fin de sa phrase.  Il est l'enfant abandonné.  Une fois par son père, une fois par sa mère, combien de fois par la vie ?

On pourrait dire que se raconte une vie, ordinaire et extraordinaire comme toutes les vies.

J'ai réussi mais j'ai raté parce que je ne fais pas ce que j'aime.

Quand il y a de l'ombre, il y a toujours de la lumière et une simple bougie suffit à éclairer l'ombre.  La lumière gagne toujours.

Les blessures de l'enfance ont ceci de commode qu'on les connaît par coeur, on en sait tous les recoins, elles font mal mais elles ne surprennent pas.

Je vais les connaître, ils vont me faire confiance, ils me raconteront des choses, m'en cacheront d'autres, ils pleureront, ils riront, ils s'étonneront de me dire tout cela.  Je sais pourtant que je n'accéderai pas à leur intérieur.  Je n'aurai jamais que l'enveloppe des gens.

Notre relation a changé depuis notre première rencontre.  Nous sommes au seuil de l'amitié et on n'enregistre pas ses amis. On ne raconte pas à tout le monde les moments d'intimité.







2 commentaires:

Manika a dit…

Il me tente bien celui là aussi .... comme tant d'autres mais la genèse de ce roman est vraiment interessante.

Philippe D a dit…

Je suis en train de le lire. C'est vrai qu'il y a de jolies phrases et j'ai bien aimé la première partie inventée à partir des photos, mais je n'ai pas trop adhéré au style de l'auteure.