samedi 16 janvier 2016

La cache Christophe Boltanski ***

La cache

Christophe Boltanski




Stock - La Bleue
Parution : 19/08/2015
344 pages
Format : 135 x 215 mm
EAN : 9782234076372
Prix: 20.00 €


Présentation de l'éditeur


« Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes. De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. Cette appréhension, ma famille me l’a transmise très tôt, presque à la naissance. »

Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d’une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l’héritage de la peur, mais aussi de l’excentricité, du talent et de la liberté bohème ? Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre
qui aurait pu tout engloutir ?

La Cache est le roman-vrai des Boltanski, une plongée dans les arcanes de la création, une éducation insolite « Rue-de-Grenelle », de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Et la révélation d’un auteur.


Le Prix Femina, ainsi que le Prix des Prix ont été attribués à Christophe Boltanski pour son premier roman La cache.


L'auteur nous en parle




Mon avis

Un livre primé par le Femina dont on a beaucoup parlé de manière positive.  J'avais envie de le lire depuis sa parution et je remercie les éditions Stock et Netgalley pour ce partenariat.

J'en attendais peut-être trop, allez savoir, mais à la fin de la lecture, une semaine plus tard, je suis partagée.

Partagée car l'idée est géniale, tout comme la construction du roman.  Pièce par pièce - à commencer par en préambule, la voiture considérée pièce à part entière - comme un Cluedo géant, nous allons partir à la découverte de la famille BOLTANSKI, en cherchant par des indices déposés ci et là quelle est leur identité et qui ils sont vraiment.

L'idée est de décrire l'appartement familial au départ de chaque chose qui le compose, chaque objet ramènant à un morceau de l'histoire de cette famille au destin particulier.  J'ai beaucoup ressenti l'importance des objets en pensant justement à la lecture de "Les Choses" de Georges Perec.

Un vocabulaire riche et imagé nous fait parcourir chaque objet retraçant  l'histoire passionnante de la famille.  Cela fonctionne très bien mais là où cela a cessé de fonctionner pour moi c'est lors de l'utilisation de 'il' ou 'elle', et aussi lors d'incessants allers-retours dans le temps et entre les personnages. Tout cela m'a perdue, ne sachant plus très bien de qui on parlait et à quelle époque on était.

J'ai arrêté la lecture un moment pour faire une recherche sur le net afin de mieux structurer les Boltanski, chacun ayant pris des identités multiples ce qui ne simplifia pas la tâche.

Il est vrai que la recherche d'identité est le thème majeur du récit et petit à petit les pièces du puzzle s'imbriquent l'une dans l'autre mais un arbre généalogique n'eut à mon sens pas été superflu.

En remontant aux racines de ses ancêtres, ce sont de véritables pans de l'Histoire, des thèmes majeurs qui sont parcourus : les pogroms, le drame de la judéité, les déportations, le régime de Vichy et la réinsertion.

L'écriture est riche, agréable manquant par moments pour moi d'émotions. Est-ce de la pudeur ou ai-je plutôt eu le sentiment d'avoir lu un point de vue de reporter, je l'ignore.  J'ai lu certains passages à voix haute au départ. La langue sonnait d'autant plus que la beauté du texte était d'une magnifique musicalité et lui apportait plus de profondeur.

En conclusion ne vous méprenez-pas, ce Prix Femina ne m'a pas laissée indifférente.  A lire pour se forger sa propre opinion.

Ma note : elle est sévère 7/10


Les jolies phrases

En s'unissant à lui par un mariage qui la coupait de son milieu, elle avait tout épousé : ce qu'il était et ce qu'il ne voulait plus être.

Odessa se comporte un peu comme un ordinateur qui ne cesse d'accumuler des coordonnées et, dans le même temps, de nettoyer sa carte mémoire.

Odessa est une ville juive sans Juifs.  En tout cas sans Juifs d'ici.

Il ne changera pas de religion, il en adoptera une.  De son passé de soldat, il gardait un immense dégoût.  Il savait maintenant de quoi l'homme était capable.

Les rues sont ainsi peuplées d'êtres qui déjà ne sont plus, mais moi, je ne peux subir ma destruction. Être vieux, écrit-elle encore, ce n'est plus vivre, mais attendre l'inexorable.

Ma famille ne vivait pas recluse mais soudée.

Tel un cauchemar qui la poursuivait jusque dans son exil.  Je ne sais pas si elle a déchiré un jour le voile enchanteur de ses souvenirs.  Sa peur de la foule, de ce brusque déchaînement de violence collective, elle l'a transmise, en tout cas, à son fils et au-delà.

L'enfermement favorise-t-il la créativité ? L'imaginaire se développe-t-il plus aisément dès lors qu'il n'est pas confronté au réel ?

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