jeudi 8 novembre 2012

Critique du Goncourt

Le sermon de la chute de Rome de Jérôme Ferrari        *****


Le sermon sur la chute de Rome par Ferrari




Gros coup de coeur.

Et oui c'est tombé aujourd'hui 7 novembre, c'est Jérôme Ferrari qui a reçu le Goncourt.

C'est mon premier contact avec l'auteur Jérôme Ferrari.
Au départ, j'ai été surprise par la longueur fleuve de ses phrases, on a l'impression de ne pas prendre le temps de la respiration et d'être emporté par l'écriture.  Très vite, j'ai accroché et ai été captivée par le livre, que j'ai dévoré en deux petites soirées.
Le livre n'est pas très gros (200 pages environ) mais est vraiment très dense.  Les pages sont bien remplies et leur contenu vous entraîne inévitablement dans la réflexion, le questionnement.
Ce livre qui au départ semble être une histoire banale, est en réalité un roman philosophique.
Plusieurs lectures du roman sont possibles :

- On parcourt le siècle par le trajet du grand-père Marcel, qui au départ d'une photo jaunie prise en 1918 (idée géniale de cette photo qui a suivi Marcel toute sa vie durant), part à la recherche de l'absence.  On suit la vie de Marcel sur fond de colonialisme, de son exil, de son retour en France, à la recherche continue de sa place. Sa vie construite sur le néant, sur la mort, pour qu'un monde nouveau fleurisse...

- On suit également l'histoire de 2 amis d'enfance Jacques (petit fils de Marcel) et Libero qui abandonnent leurs études de philosophie pour transformer le bistrot du village à la dérive pour "le meilleur des mondes" suivant la philosophie de Leibnitz.  Ce monde qui prospérera et très vite , rattrapé  par la malédiction, tournera au cauchemar.

- La place et le rôle prépondérant des femmes..

Différentes perspectives donc sur le fond historique du Sermon sur la chute de Rome prononcé par Saint Augustin en 410 à Hippone, un an après la chute de Rome.


" Depuis quand crois-tu que les hommes ont le pouvoir de bâtir des choses éternelles ? L'homme bâtit sur du sable.  Si tu veux étreindre ce qu'il a bâti, tu n'étreins que le vent.  Tes mains sont vides, et ton coeur affligé. Et si tu aimes le monde, tu périras avec lui.... "

" Rome est tombé mais n'est-ce pas en vérité , comme s'il ne s'était rien passé?  La course des astres n'est pas troublée, la nuit succède au jour qui succède à la nuit, à chaque instant , le présent surgit du néant, et retourne au néant, vous êtes là, devant moi, et le monde marche encore vers sa fin, il ne l'a pas encore atteinte, et nous ne savons pas quand il l'atteindra ...".

"Le Monde est comme un homme, il naît, il grandit, il meurt."

On ne sort pas indemne de la lecture, elle est intense, dense et n'a pas terminé de vivre en nous et de prolonger ce questionnement "la vie n'est-elle pas un éternel recommencement?"

A lire vraiment.



Une dernière citation : "Le démiurge n'est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu'il construit un monde, il fait une oeuvre d'homme, pierre après pierre, et bientôt, sa création lui échappe et le dépasse et s'il ne la détruit pas, c'est elle qui le détruit."










Aucun commentaire: