mardi 16 juillet 2013

Attention! Nic Sirkis 7/10 ****

Attention ! par SIRKIS

Editions Chèvrefeuille étoilée
978-2-36795-000-6
mars 2013

Résumé


Le 17 février 2011, Yann Orion, steward chez Air France, prend sa préretraite.


Période de retour sur soi qui réveille les cicatrices et les joies enfouies depuis l’enfance, sous le regard attentif et bienveillant de Guevara, le chat roux qui se charge de ramener son maître à la réalité. Il va réorganiser sa vie et quitter sa maison riche de précieux souvenirs, pour prendre un nouveau départ…


Un article découvert dans les pages du Canard Enchaîné, signalant la sortie d’un livre sur Van Gogh son peintre préféré, va bousculer l’existence de Yann Orion et l’entraîner en de rocambolesques aventures dans un jeu de l’oie parisien.


Au cours d’épisodes pleins d’humour, de tendresse, de suspense et d’effroi, Y. O. affrontera l’alter étrangère, « Insaisissable entre-deux », et, dans un récit en abyme, véritable work in progress, découvrira les affres de la création.



L'auteure



nic sirkis           Nic Sirkis vit à Paris. Prof des écoles, elle a publié des textes en vers ou en prose dans les revues Étoiles d'encre, Sorcières, Voyelles, Types - Paroles d'hommes, La nouvelle proue, Mémoire future sur le fil, éd. de l'a&a, bacchanales etc. Elle a aussi étudié le Théâtre à la fac Paris8 Vincennes et réalisé un Master 2 développant le concept de « Sérendipité ».

Les clés de la rue Charlot est son premier livre ( 2012) et Attention son premier roman (2013).   
Elle a terminé seconde du prix Botul 2013

Ma critique

Un grand merci aux Editions Chévre-feuille étoilée et à masse Critique de Babelio pour cette découverte.
C'est le second livre de Nic Sirkis, il a terminé second au prix Botul 2013.
Yann Orion, la petite cinquantaine prend sa pré-retraite après 30 ans comme steward chez Air France. Nous sommes le 17/02/2011.  Il vit avec son fils Gus 20 ans et son chat Guevara, magnifique chat roux qui le ramènera  régulièrement à la réalité.

Enfant, il partageait déjà 2 passions ;  - l'avion, plus exactement l'envie de voler, et ce depuis un voyage vers le Maroc à l'âge de 15 ans et une visite de cockpit , ce qui l'a conduit à son métier ;
                                                      - et l'écriture. Il se souvient d'une rédaction demandée en 4ème et rebelote en 5ème, où l'humiliation l'avait frappé, ses professeurs l'accusant d'avoir recopié du Giono, Bosco, Sand,  d'où était née à l'époque une frustration.

Dans la première partie, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire pour la bonne et simple raison, qu'elle était pratiquement inexistante, un livre d'ambiance plus particulièrement. 
Un récit imagé, orienté à ses origines bretonnes, j'ai en effet très fort ressenti les références à la mer, dans l'écriture, les mots choisis, le vocabulaire  dans des références marines. J'ai apprécié.
Ensuite de très jolies descriptions d'ambiance de quartiers de Paris, un ressenti des endroits, des sentiments partagés avec les personnages rencontrés. 
Yann est critique dans les événements de notre société de 2011 à 2012, la Grèce, les banques, le printemps arabe... Des flash-back retour aux sources sous la bienveillance de Guevara qui remet les pendules à l'heure et nous amène au temps présent.

La préretraite, tout un programme , sur une carte reçue cette phrase répétée à plusieurs reprises, la vie va commencer... non mais on rigole ou quoi pense Yann... et petit à petit  quittant les souvenirs... la vie recommence.

Après 36 ans d'habitudes dans son appartement qui a vu naître son 1er amour (il est séparé depuis 7 ans), sa fille Bulle (30 ans aujourd'hui), et son fils Gus 20 ans qui vit avec lui ;  il décide de vendre son appart et de rompre avec ses rites.  Il fait de nouvelles rencontres, de nouveaux amis, il participe à un journal de quartier... et soudain...son attention est attirée par un article dans "le canard enchaîné", un livre sur Van Gogh, une mystérieuse maison d'édition 17 ter.

Des échanges de courrier commencent avec une mystérieuse  Y.


Nous sommes aux 2/3 du livre et là, enfin une intrigue, de l'action, on quitte cette très belle écriture retraçant les ambiances pour s'engager dans une autre voie... et par la même occasion la lecture s'accélère.


Une très jolie plume, de jolis jeux sur la langue, le langage, l'écriture et la création.  Un livre oulipien, souvenez-vous 


Ouvroir de littérature potentielle.



Un extrait OU LI PIEN,: "tu n'as pas entendu parler de l'Oulipo ?  Queneau, Le Lionnais, Le Tellier, Perec ?  Les exercices de style, la littérature sous contrainte ?  Les clowns scientifiques de la langue, les esthètes de palindrome et du lipogramme, les jongleurs d'assonance et d'allitérations, je ne t'en ai pas parlé ? "   p312


Une agréable lecture en somme.



Les jolies phrases 


La culpabilité engluait le débat de tous côtés et la barque se mit à gîter, à tanguer et prit l'eau avec la décision finale et mutuellement consentie de revoir l'équipage de l'embarcation.  Il y eut peu de cris à bord, il n'y eut pas de haine, seulement une lassitude, sorte de cri inassouvi dans la nuit, comme la traînée bleuâtre d'un cirrus dans le soir tombant. Il n'y avait pas eu de mariage, et n'y eut pas de nécessité de divorce.


Les jours de leurs naissances étaient imprimés au fond de sa rétine comme des perles au creux de l'huître.


Le plafond du ciel de Paris qui tapissait l'horizon de sa lucarne au-dessus des toits gris s'offrait à lui comme une page blanche où poser le délié d'une écriture en gestation.


Ecrire, quelque part, c'est faire face à une disharmonie interne, c'est réparer quelque chose en latence.  Retrouver, en quelque sorte, une harmonie perdue.


Notre devise : Seule la victoire est belle.  Quelle plus belle victoire si vos adversaires d'aujourd'hui sont vos amis de demain.


La folie est un coup monté, sans la médecine elle n'aurait pas existé. 


Cette manie de chercher un sens là où n'était que le hasard des choses.


Raoul disait supposer que pour lui, né homme, qui ne vivrait donc jamais de maternité, la sensation de construire un livre, en créant un récit à porter jusqu'à sa chute finale, avait peut-être à voir avec l'expérience de la grossesse qui mène à la délivrance de l'accouchement.





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