lundi 25 novembre 2013

Un printemps à Tchernobyl Emmanuel Lepage Coup de coeur 10/10



Première parution : 04/10/2012
230 x 325 mm
168 pages
Prix de vente : 24,5 €
Code Sodis : 790222
ISBN : 9782754807746



L'AUTEUR



Né en 1966 à Saint-Brieuc, Emmanuel Lepage va faire à l’âge de 13 ans une rencontre qui sera déterminante : celle du dessinateur Jean-Claude Fournier. Le dessinateur de Spirou va lui enseigner les rudiments du métier et lui donner des conseils. En 1983, il réalise dans le quotidien Ouest France son premier dessin publié, puis avec l’aide des bibliothèques de Rennes il publie à compte d’auteur son premier album de bande dessinée La Fin du monde aura-t-elle lieu ? à partir de l’année suivante, il réalise de nombreuses illustrations pour des revues et des magazines en Bretagne. En 1986, il commence sa première série : Les aventures de Kelvinn. Deux albums en couleur paraissent également aux éditions Ouest France. Il se lance avec d’autres jeunes dessinateurs qui vont connaître aussi une belle carrière, dans la création du fanzine Volapük. Et il collabore aux journaux de bande dessinée Circus et Tintin Reporter. En 1990 et 1991 il publie aux éditions Signe de piste deux ouvrages adaptés de l’œuvre d’Huguette Carrière. Cette série sera ensuite reprise aux éditions du Lombard. En 1991 associé au talentueux scénariste Dieter, il commence la série Névé chez l’éditeur grenoblois Glénat. Ayant achevé les cinq albums de cette série qui fut très remarquée, il entame une nouvelle collaboration avec la romancière Anne Sibran. Tous deux réalisent dans la prestigieuse collection Aire Libre de Dupuis La Terre sans mal qui consacrera sa notoriété. Un an plus tard il dessine Alex Clément est mort et après un tour du monde de deux ans, il publie aux éditions Casterman deux livres de carnets de voyage : Brésil et America avec des textes de l’écrivain Nicolas Michel. En 2003, il entame ce qui sera considéré comme son chef d’œuvre, le diptyque Muchacho dans la collection Aire Libre. Il décrit le parcours d’un jeune séminariste au Nicaragua qui va se trouver confronté à des relations sociales très dures et à la découverte de sa propre sensualité. Lepage, auteur complet, signe là une œuvre éminemment sensible et engagée, elle sera reconnue par toute la presse unanime et sera couronnée par de nombreux prix. Le trait fin et puissant de Lepage, son dessin raffiné, son art consommé de l’aquarelle font de lui un des plus brillants créateurs de la nouvelle bande dessinée française ; ses ouvrages ont été traduits dans de nombreux pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis. Actuellement, il réalise avec sa compagne l’écrivain Sophie Michel un diptyque Oh les filles ! qui est paru début 2008 aux éditions Futuropolis.

RESUME

26 avril 1986. À Tchernobyl, le coeur du réacteur de la centrale nucléaire commence à fondre. Un nuage chargé de radionucléides parcourt des milliers de kilomètres. Sans que personne ne le sache… et ne s’en protège. C’est la plus grande catastrophe nucléaire du XXe siècle. Qui fera des dizaines de milliers de victimes. À cette époque, Emmanuel Lepage a 19 ans. Il regarde et écoute, incrédule, les informations à la télévision.
22 ans plus tard, en avril 2008, il se rend à Tchernobyl pour rendre compte, par le texte et le dessin, de la vie des survivants et de leurs enfants sur des terres hautement contaminées. Quand il décide de partir là-bas, à la demande de l’association les Dessin’acteurs, Emmanuel a le sentiment de défier la mort. Quand il se retrouve dans le train qui le mène en Ukraine, où est située l’ancienne centrale, une question taraude son esprit : que suis-je venir faire ici ?




MON AVIS

Cela faisait un moment que cette superbe BD Docu était dans ma PAL.  J'en avais entendu parler à la parution et même si ce n'est pas mon terrain de prédilection, l'envie de le lire avait germé.

Emmanuel Lepage nous livre ici un album de 166 pages très intéressant à plus d'un titre.  En effet, c'est un projet particulier auquel il a adhéré.

Contacté par les Dessin'acteurs, on lui propose de partir à Tchernobyl  dans le but de réaliser des dessins "engagés" en vue d'aider à des actions concrètes dans la lutte contre le nucléaire. Ce projet voit le jour en 2008 et n'était pas sans risque, témoigner et retranscrire via le dessin ce qu'il y a dans la zone interdite.

Il nous retrace tout d'abord la catastrophe du 29 avril 1986.  Comment la crise a été gérée à l'époque, comment l'information nous est arrivée pendant cette période de guerre froide.  Comment la glasnost, "transparence" souhaitée par Mikhail Gorbatchev a précipité la chute du mur de Berlin 3 ans plus tard.

Voyons comment l'information nous a été donnée par rapport aux pluies et nuages toxiques, les attitudes prises dans les différents pays européens, la gestion de tout cela.

Et puis il s'attache aux victimes, à la délocalisation de la population, la création de la zone interdite, les vies sacrifiées des liquidateurs et l'hommage à leur travail de nettoyage, d'évacuation de la zone et à la construction de cet immense sarcophage qui recouvre les réacteurs. Ils étaient 500 à 800.000 à avoir pour la plupart sacrifié leur vie.

Nous découvrons aussi cet amas de camions, hélicoptères, matériels roulants laissés à l'abandon pour cause de radioactivité.

Les conséquences, les décès, les cancers, les malformations et le vieillissement prématuré de la population sont mis en évidence.


Emmanuel Lepage ira dans la zone interdite, et sera frappé par ce qu'il voit, la vie plus forte que tout, reprenant ses droits, la nature est magnifique, le gibier est revenu, tout semble magnifique et ordinaire.  Il voulait nous faire ressentir le danger, la mort, la désolation mais c'est la vie qui s'impose et nous offre un spectacle magnifique, la mort pourtant est présente partout mais elle est tout comme la radioactivité invisible, inodore.

Un récit puissant, fort , on ne peut quitter ce magnifique récit et lorsque la couleur éclate pour remplacer la grisaille et la noirceur, c'est bluffant, superbe, magnifique.

A découvrir de toute urgence.


LES JOLIES PHRASES


Vivre c'est prendre le risque de mourir

Dessiner c'est essayer de rendre visible ce qui ne se voit pas, soulever une peau...

Je viens "toucher" le monde par mon dessin et je ne peux le toucher

Dessiner, c'est soulever la surface du visible et je me sens impuissant

Si la région de Tchernobyl est la plus subventionnée d'Ukraine, pour certains abandonnés à leur sort, l'alcool et la foi semblent être les seuls horizons.

L'état a donné les terres aux ouvriers agricoles.  Les paysans ont alors élevé leurs propres vaches. Tchernobyl a amorcé la fin du collectivisme soviétique.

Aurais-je pu imaginer vivre de tels moments à Tchernobyl, au coeur du désastre dont j'étais venu dessiner l'horreur ?  J'ai la sensation de vivre pleinement, intensément ici et maintenant.


1 commentaire:

missbettyboop13500 a dit…

Une manière très originale de traiter in sujet fort peut-être pluss à la portée de tous de nos jours ubon moyen f atteindre plus de personne la lecture. De tels sujets pas évident j'ai tjs pas terminé Minuit Moins 5 à Bopal par Dominique Lapierreq sui raconte une autre horrible catastrophe de notre siècle la Bd pas mon truc mais sûrement à lire faudra que j essai un jour