mardi 26 avril 2016

Si tous les Dieux nous abandonnent Patrick Delperdange

Si tous les Dieux nous abandonnent
Patrick Delperdange




Gallimard
Sérine Noire
240 pages
155 x 225 mm
Parution 07/01/2016
ISBN : 9782070148776
Prix 17.00€

Présentation de l'éditeur


Violence, cruauté, trahison : rien ne leur sera épargné.
Céline est une jeune femme en fuite. Léopold, un vieux monsieur qui ne tient plus à la vie que par habitude. Quant à Josselin, il ne s’agit en fin de compte que d’un idiot qui se croit très malin.
Le destin de ces trois personnages va se trouver lié de manière inattendue et impitoyable.
Un dieu malfaisant aurait-il décidé de s’amuser avec leur existence, comme un fou qui jouerait aux dés?
Malgré leurs défauts, malgré leurs maladresses, Céline, Léopold et Josselin nous touchent comme nous toucheraient des amis, des semblables, des frères. Ce qui leur arrive pourrait tout aussi bien nous arriver.
Si tous les dieux nous abandonnent, il nous faudra continuer à vivre seuls, pauvres humains.

L'auteur nous en parle




Mon avis


Patrick Delperdange nous invite dans un roman noir, très noir que le magazine « Lire » dans son édition d’avril considère être l’un des meilleurs polars du moment.  Alors aucune raison de vous en priver ; c’est TOPISSIME.

Céline est en fuite, dans une campagne enneigée, un couteau plein de sang contre l’abdomen.  Nous sommes non loin de la frontière franco-belge, dans le trou du monde, un bled à proximité de Valmont.

Miracle, un automobiliste passe par là.  Il neige et le vieux Léopold l’emmène avec lui dans sa ferme délabrée. 

Céline reprendra la route le lendemain et croisera sur son  chemin  Maurice, enfin plus exactement les chiens féroces de celui-ci.  Elle se fera attaquée et une fois encore, c’est Léopold qui lui portera secours.

Le décor est planté – et je suis déjà captivée -  ; trois personnages  nous donneront leur vision dans de courts chapitres qui se succèderont dans un rythme endiablé.

Céline ; une jeune fille en fuite, écorchée vive, rescapée de la vie.
Léopold ; un vieux qui entend des fantômes depuis la mort de sa femme, vivant reclus, malade
Josselin, le frère de Maurice , un demi-doux à qui il manque une case, l’idiot du village enfin en apparence, le sexe l’obsède.

Trois personnages abandonnés des Dieux, trois voix pour nous conter trois solitudes.

Quel point commun entre eux me direz-vous ?  Quel lien les unit ?

Petit à petit par de courts chapitres, chacun se dévoilera et l’on découvrira leurs fêlures, leurs secrets…

Au départ un huis-clos rural dans une campagne grise, glauque qui prendra par la suite un petit air de road-movie.

On ne peut pas fuir éternellement, il faut un moment affronter la réalité.  Les relations humaines, la solitude, le besoin de parler, d’être écouté sont les sujets abordés.

J’ai aimé l’approche psychologique des personnages. Un scénario excellent, une écriture captivante dès les premières pages, on tourne les pages à grande vitesse.  Le rythme est soutenu, un roman noir rural où la tension et la violence sont palpables à chaque instant.  C’est très visuel, cela roule comme du papier à musique. 

Des liens se créeront entre les personnages,.  Entre noirceur et humanité, trois destins qui n’ont pas été épargnés par la vie.  C’est une pépite à découvrir de toute urgence.

Un immense coup de coeur.

Les jolies phrases

Je n'ai aucune envie de croiser votre chemin.  Il y a des gens qu'on préfère ne pas rencontrer si on veut passer une bonne journée.

Quoi qu'on en pense, le monde vous réserve toujours des surprises.

Les mères, elles sont comme qui dirait indispensables, dans la vie.  Mais au bout d'un moment, il faut savoir mettre une limite, sinon elles te lâchent plus.  Les hommes, ils ont besoin de liberté, je dirais même qu'on peut se passer d'à peu près tout, sauf ça.  T'es pas d'accord ?

Comme si d'apprendre ce qui s'était passé sur cette route au milieu des bois lui avait donné l'autorisation de laisser cours à ce qui couvait en elle depuis des mois ou même des années et qui avait tout dévasté en se répandant, comme une marée qui ne s'arrêterait pas arrivée au bas de la dune mais qui poursuivait son avancée en emportant tout sur son passage, noyant le pays, les hommes et les bêtes, envahissant les chemins et les forêts, et ne laissant qu'un paysage dévasté.  Une ruine.  La ruine totale de ce qui avait été ma vie avec elle.

En vérité, c'est ce qu'on n'a pas fait, ce qu'on n'a pas osé faire qui vous marque.



dimanche 24 avril 2016

Une allure folle Isabelle Spaak


Une allure folle

Isabelle Spaak


Editions des Equateurs
220 pages
17.00 €
paru le 12 février 2016
ISBN : 9782849904336


L'auteur nous en parle


Présentation de l'éditeur


Une femme part sur les traces de sa grand-mère, Mathilde, et de sa mère, Annie, deux personnagees à l'allure folle et à la joie de vivre épatante, qui furent mises à l'index de la société.

À l'aide de photos et de lettres, la narratrice mène une enquête édifiante. Derrière les mauvaises réputations, les hommes, les fêtes et les scandales, elle découvre de vraies héroïnes. Entre réalité et fiction, faux-semblants, mensonges et vrais sentiments, les retournements de situation se succèdent. Ils nous emportent au galop entre la Belgique, la France et l'Italie.

Une histoire de femmes libres où la comédie tient le bras à la tragédie jusqu'à un point inconcevable.



Isabelle Spaak est journaliste et écrivain. Elle est notamment l'auteur de Ça ne se fait pas (Prix Rossel).

Mon avis


Aimant découvrir les auteurs de mon pays et ne connaissant Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004 avec 'Ca ne fait pas un roman'), j’ai eu envie de découvrir sa plume.  C’est notre lecture commune avec Julie.

'Une allure folle' nous présente le destin hors du commun de deux femmes qui ne sont autres que la mère et la grand-mère de l’auteur.

Isabelle Spaak, à partir de documents en sa possession - cartes, photos, lettres ..   -  reconstitue l’histoire de ses ancêtres féminines.  Je ne vais pas vous conter leur histoire mais je peux vous dire que l’on effectue un voyage des années 1920 à 1981, que l’on voyage de Belgique en Italie en passant par Paris.

Deux femmes au destin exceptionnel, deux véritables électrons libres avec des personnalités fortes et différentes.

On passera des futilités, de la légèreté, de l’argent pour Mathilde à la prise de risque mais aussi à la tragédie pour Anny.

L’idée de départ est sympathique mais j’avoue m’être perdue dans les dédales de la narration mêlant en vrac les réflexions de l’auteur, les dialogues et les faits.   C’était une lecture à géométrie variable.  Une première partie qui a pour ma part suscité peu d’intérêt, celui-ci s’est amplifié pour la seconde partie qui nous parle d’Anny et de son rôle lors de la seconde guerre.

Un récit qui prend son sens très loin dans le récit, ce n’est qu’à ce moment que l’on comprend mieux les moyens d’arriver à son aboutissement. 

La plume est fluide par intermittence, l’écriture particulière.  Mon attention a vraiment été soutenue et une réelle émotion s’est dégagée en seconde partie du récit.    

A la recherche de ses racines et un questionnement, car si aujourd’hui elle a pu reconstituer cette histoire familiale c’est grâce aux traces, photos, écrits..   Qu'en sera-t-il demain pour les générations futures à l’ère de l’instantané, des réseaux sociaux , de l’éphémère ?


Ma note 7/10




Voici l'avis de Julie pour notre LC avec "Les petites lectures de Scarlett"


Les jolies phrases

Les regrets ne servent à rien, se persuade le taxi, notre pays est celui que nous avons choisi.

Comme un feu de cheminée ranimé, l'amour relevé de ses cendres s'appelle un "retour de flammes". La flambée éteinte se réveille avec une vigueur nouvelle. Timide au premier abord, inattendue surtout, elle lèche d'autant plus vite le bois noirci, l'entoure, le cajole, rallume tout, la passion, le corps, les sens, les mots fous, les mots doux, les promesses de ne jamais plus se quitter.  Il faut se méfier.  Car si les bûches calcinées peuvent mettre le feu à la maison, leur ardeur ne dure guère.

Oh! Comme je voudrais te crier je t'aime comme tu le cries, lui répondit-elle. Mais les sentiments les plus profonds sont voués au silence.  Pour ne pas y rester sourds, mieux vaut les aborder comme si nous étions muets.

J'aime ta description de la tempête de neige, s'émeut Guillaume.  C'est l'image de notre bonheur au milieu de la fureur des nations.

Dire "maman" c'est refuser de quitter son statut d'enfant, se lover dans un cocon, s'y trouver à l'aise.




vendredi 22 avril 2016

La fortune Gutmeyer Alain Berenboom

La fortune Gutmeyer

Alain BERENBOOM




Genèse Editions
Mars 2015
Nombre de pages : 272
ISBN : 9782930585659
Format : 13,5 x 21
Format ePub : 14,99 €
Format Papier : 22,50 €



Présentation de l'éditeur

« L’argent placé en Suisse avant-guerre par des notables juifs, les liens entre la diaspora et le jeune État d’Israël ou les survivants des camps sous le joug soviétique, tels sont les sujets sensibles abordés par Alain Berenboom avec un humour mordant dans ce polar historique et captivant. »

Claude Mesplède




1953. Irène de Terrenoir, la provocante épouse d’un diplomate français à Bruxelles, demande à Michel Van Loo d’enquêter sur une étrange énigme : son père, le docteur Gutmeyer, a péri dans le camp de Terezin pendant la Seconde Guerre mondiale. Or un homme reproduisant parfaitement sa signature est parvenu à retirer les fonds que Gutmeyer avait déposés avant-guerre sur un compte en Suisse. Qui est l’escroc ? Et pourquoi a-t-il fait ce détour par Bruxelles, laissant deux morts dans son sillage ?

Chargé de démêler cet imbroglio, notre célèbre détective bruxellois est entraîné en Israël avec son ami, le pharmacien Hubert. Le voyage est d’autant plus périlleux que la police belge est à leurs trousses, les soupçonnant de meurtre. À Jérusalem, Michel Van Loo va devoir affronter des rabbins moins orthodoxes qu’on ne croit et des terroristes moins palestiniens qu’on imagine…

Mon avis


Nous sommes en 1953 à Bruxelles. Michel Van Loo, détective se lance sur les traces du Docteur Gutmeyer. Sa fille Irène de Terrenoir, née Gutmeyer l'engage pour retrouver la fortune de son père. La famille Gutmeyer, juive d'origine a tout perdu lors de la guerre, tout sauf un compte en Suisse.

Mais voilà, ce compte a été vidé et Irène entend bien récupérer son dû. Mais qui a vidé ce compte ? Le docteur Gutmeyer ? N'a-t-il pas péri dans les camps de Terrezin ? Quelqu'un a usurpé sa signature pour vider le compte et a communiqué une adresse en Belgique. Il se fait que c'est celle d'Hubert le pharmacien. Étrange non ?


Michel Van Loo est un détective un peu spécial. Il a en réalité bien peu de flair et de raisonnement. Il est maladroit, pas très courageux et naïf. Un air ahuri pour corser le tout et une addiction à la gueuze grenadine ! Heureusement il peut compter sur l'aide de son ami Hubert le pharmacien (tiens tiens comme le papa de l'auteur !) et de sa fiancée Anne la coiffeuse.


Nous voici dans un excellent polar qui va nous permettre de retracer l'Histoire et des sujets graves comme la déportation, le sionisme et la naissance de l'état d'Israël, qui n'a plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui. On y décrit l'idéal socialiste créé par un peuple de rescapés des camps créant des kibboutz et voulant y vivre dans le partage.


On parlera également de la spoliation des biens juifs, mais aussi et surtout on se posera les questions de l'identité juive.


Un voyage au départ de Bruxelles vers Bâle en passant par Tel Aviv et Israël.


Un roman surprenant contenant tous les ingrédients du polar, un bon suspens, une enquête pleine de rebondissements. Une écriture en finesse remplie d'humour, parsemée par-ci par-là de délicieuses expressions de Belgique. Un livre passionnant et distrayant.

Ma note : 9/10

 
Les jolies phrases

Dans les contes de fées, lorsque l'héroïne a trouvé son prince charmant, l'histoire s'arrête.  Pourquoi faire appel au plus talentueux détective du royaume après le happy end ?  Te connaissant, tu vas gâter ta fête et transformer le conte pour enfants en cauchemar.

On nous a raconté que tous les Belges mangent du poulet-compote le dimanche, même les végétariens.  Hubert croit qu'en respectant  leurs traditions, des racines vont lui pousser dans l'estomac qui le transformeront en un vrai Belge de souche !

Le syndrome de l'échec.  On résiste rarement à la tentation de vouloir à tout prix s'illustrer là ou inconsciemment on sent qu'on est le plus mauvais.  L'attirance du vide, en quelque sorte.


Tu n'es pas tombé très loin, Michel.  Je lui retrace les principales étapes de la création de l'Etat d'Israël.  Sa naissance ressemble à celle de la créature du docteur Frankenstein, et la violence que suscite son indépendance chez ses voisins rappelle la rage meurtrière d'Edmond Dantès.

Les mauvais sont partis en fumée en même temps que les bons.  Sans que personne ne soit capable de distinguer les uns des autres.  Mon père, le meilleur homme de la terre ait porté (que Dieu ait son âme !) comme celui de votre cliente.  Les cendres d'un sage mêlées pour l'éternité à celles d'un assassin.

La différence entre toi et moi, me dit-il, est dans le culte de la mémoire.  Un catholique qui a abandonné sa foi n'attache plus aucune importance à son histoire, à la religion de ses ancêtres, à sa signification.  Alors qu'un Juif, aussi athée soit-il, garde vivante toute l'histoire de son peuple et de ses persécutions.

Qui peut prétendre que Bruxelles n'est pas baignée par la Méditerranée ? Elle est cosmopolite, poussiéreuse, incompréhensible, et ses habitants raffolent des contes à dormir debout.


mardi 19 avril 2016

Today we live Emmanuelle Pirotte ♥♥♥♥♥

Today we live

Emmanuelle Pirotte



Editions Cherche Midi
ISBN: 9782749144344
ISBN numérique: 9782749145167
Date parution: 03/09/2015
Dimensions: 220 x 140 mm
Nombre de pages: 240
Prix 16.50 €
Numérique 13.99 €

Présentation de l'éditeur

Décembre 1944. C’est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains. Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Les deux nazis décident d’exécuter la fillette. Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l’enfant, tue l’autre soldat.
Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d’une humanité soumise à l’instinct de survie.

Aucun personnage de ce roman palpitant n’est blanc ou noir. La guerre s’écrit en gris taché de sang. Une écriture efficace et limpide.

Today we live est lauréat du Prix Edmée de La Rochefoucauld 2016.

L'auteur  Emmanuelle PIROTTE



Emmanuelle Pirotte est scénariste. Today we live est son premier roman.


Elle nous parle de son premier roman :




Mon avis


Un immense coup de coeur.

Nous sommes dans les Ardennes en décembre 44, c'est la contre-offensive allemande.

Renée , petite fille juive de sept ans est confiée à la hâte à un soldat américain car l'ennemi arrive. Le problème est que son sauveur n'est autre qu'un infiltré faisant partie du commando Friedenthal - des polyglottes SS ayant pour mission d'infiltrer la résistance ou les alliés.

Renée est juive, elle sera donc mise en joue pour mourir, mais quelque chose va se produire à ce moment précis entre cette enfant et ce soldat, Mathias. Renée va légèrement tourner la tête pour voir son agresseur, leurs regards vont se croiser et Mathias tirera mais pour exécuter son collègue et sauver Renée. Pourquoi il l'ignore mais une chose est certaine la relation qui va se tisser entre eux deux sera incroyable, intense.

Renée se sent en sécurité avec Mathias, elle lui fait pleine confiance. C'est un ennemi certes mais l'attitude de la fillette est incroyable, elle veut vivre. Elle est d'une lucidité désarmante.

Un récit magnifique, palpitant qui nous démontre que l'humanité existe, et que l'instinct de survie permet de supporter tant de choses.

Au départ écrit comme un scénario, l'histoire a été remaniée et nous donne un premier roman Magistral empreint d'émotion et d'humanité.

C'est très visuel, on est presqu'avec eux dans cette ferme, dans cette forêt. C'est plein de vie et de réalisme avec quelques expressions et discours en wallon qui apportent une grande authenticité au récit.

Ce livre m'a émue aux larmes et est un immense coup de coeur.

Ma note : ♥♥♥♥♥

L'adaptation cinématographique devrait voir le jour, à suivre, je l'espère de tout coeur.

Les jolies phrases


Le mot "Juif" constituait un véritable mystère. Renée s'était juré de le percer un jour, et surtout de comprendre pourquoi ce mot rendait les gens tantôt lâches, comme le père de Marcel et Henri, tantôt méchants comme Françoise ou Marie-Jeanne, tantôt courageux et fraternels comme les fermiers de l'autre campagne, soeur Marthe du Sacré-Coeur, le curé ou Jules Paquet. C'est ça qui tracassait Renée par-dessus tout, ce que ce mot déchaînait comme émotions, la faculté qu'il avait de mettre les êtres à nu.

Pour la première fois de sa vie, en compagnie d'un soldat allemand, Renée avait oublié qu'elle était juive.

Wâpamiskw, un grand chasseur cri, lui avait expliqué que, parfois, il arrive que le chasseur rate sa proie, parce qu'elle n'est pas prête à mourir, parce qu'elle est plus forte que le chasseur. Alors il faut s'incliner devant la vie, et rentrer chez soi.

Au fond, ce qui faisait que les nazis ne deviendraient jamais les maîtres du monde, c'était leur manque total de sens de l'humour. Et, corrélativement, leur inaptitude à l'autodérision. Le peuple juif pouvait bien avoir été gratifié de toutes les tares possibles et inimaginables, il avait une supériorité incontestable sur la race germanique, quoi qu'en pensât le Führer.

Une semaine plus tard, il prêta serment dans la SS, se fit tatouer un numéro de matricule sous le bras gauche. Comme les Juifs, s'était-il dit. L'élite avait droit à ce traitement, de la même façon que le fin fond du panier. C'était d'une logique implacable, en réalité : pour que le jeu soit parfait, c'est-à-dire équilibré, il fallait que les bons et les méchants existent en miroir les uns des autres. Les nazis rêvaient de bannir les Juifs de la surface de la Terre, mais l'anéantissement du peuple juif entraînerait ipso facto celui des nazis, puisqu'une des principales raisons d'être du nazisme était précisément l'extermination des Juifs. Le pur nazi ne se définit que par son contraire et sa négation, le Juif. Sans lui, il retourne au néant. C'est vertigineux, mais cela avait sans doute le mérite d'expliquer pourquoi on avait choisi une chose aussi moche, douloureuse et infamante que le tatouage d'un numéro sous le bras comme signe d'appartenance à la crème de la société, comme à sa lie.


Cette enfant lui insufflait une force, un élan vital, un goût de l'existence nouveau qui le galvanisaient et l'asservissaient plus intensément que tout ce qu'il croyait être les moteurs de son existence : la transe du combat, l'imminence du danger, la passion du risque, et la peur de la mort.








dimanche 17 avril 2016

Concours 500 like

Concours 500 "like"

Je vous l'avais promis pour vous remercier de votre fidélité un petit concours.
Nous sommes aujourd'hui à 515, encore merci de me suivre de plus en plus nombreux, cela me fait chaud au coeur.




Lorsque j'ai commencé ce blog j'étais loin d'imaginer qu'un jour vous seriez si nombreux à lire mes modestes bafouilles.

Au départ c'était surtout pour avoir une trace de mes lectures, de mes ressentis.  J'espérais pouvoir les partager.

C'est super car aujourd'hui que ce soit via le blog mais principalement par la page Facebook du blog et les différents groupes de lecture, de vrais échanges ont lieu régulièrement.  Merci.

Cela va même plus loin, ce sont de véritables partages tant avec les auteurs que la blogosphère. Et on sort bien du cadre du virtuel, ce sont de véritables rencontres et de nouvelles amitiés qui sont nées grâce à ce blog.

Des rencontres réelles entre les "Lecteurs belges compulsifs", Julie ma formidable binôme lecture commune, mais cela va au-delà de nos frontières grâce à de belles initiatives comme celle de "Lire c'est libre" et l'organisation de son magnifique salon à la mairie du 7ème à Paris.

Ma passion pour la lecture s'intensifie, de belles expériences partagées avec vous comme celle du jury du Prix Première ou encore pour l'instant Le prix des lecteurs du Livre de Poche.

Merci aussi à Luce, Brigitte et tant d'autres pour ces jolis partenariats avec entre autre les éditions Luce Wilquin, Rouergue,  Babelio ....

Mais assez de blabla j'ai envie de vous remercier et de vous offrir 2 ouvrages.

Pour l'instant c'est le mois belge chez Anne et Mina, et comme je suis belge et que j'aime les auteurs de mon pays, j'ai envie de vous offrir des livres de chez moi.

Les cadeaux

Un grand format et un petit format dédicacé par l'auteur




Barbara Abel    Derrière la haine



Un de mes coups de coeur.  Retrouvez la chronique complète ici

Nadine Monfils      Les vacances d'un serial killer

Et petite surprise en prime, il est dédicacé par l'auteur.



Mon billet et le pitch se trouvent ici


Que faire pour les gagner ?


Pour gagner c'est simple, envoyez-moi un petit message en commentaire à cet article me précisant quel livre vous ferait plaisir et pourquoi. N'oubliez pas de me donner vos coordonnées; nom, prénom et mail afin que je puisse vous recontacter.

Condition préalable, si ce n'est déjà fait : "liker" la page Facebook du blog.

Il est toujours possible de vous abonner au blog via blogger ou google Plus si vous le souhaitez.

Si vous partagez le concours, je double vos chances.

Le concours aura lieu jusqu'au 30 avril  minuit. Un tirage au sort par la main innocente de mon fils aura lieu à ce moment là.

Le concours est ouvert pour la Belgique, la France et le Luxembourg. Désolée pour les autres.

Alors bonne chance à vous tous et encore.




Bravo à Elise Ouden et Yvette Germaine .

samedi 16 avril 2016

Césarine de nuit Antoine Wauters

Césarine de nuit

Antoine Wauters


























Cheyne éditeur
Parution : 2012
ISBN : 978-2-84116-177-5
Prix : 19 € - disponible
Collection :  Grands fonds
Publié avec le concours du Centre national du Livre et du Conseil régional d’Auvergne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Deuxième édition 2013 - Deuxième mille
Pages : 128
Format : 14,5 x 22,5 cm

Prix triennal de Littérature de la Ville de Tournai et prix Marcel Thiry


Extrait

À l’aide de cordes et de lacets, de petites choses à peine visibles qu’on fixe à ses chevilles, on attache la merdeuse. Au lit. À l’anneau suspendu. Au mur de fin crépi et qui érafle assez. On la lie aux mangeoires, au râtelier très sobre afin qu’elle se remplisse. Vide sa soupe et voilà, vide sa soupe et voilà, Césarine en est pleine et Césarine récure. Plonge dans la Javel ses mains comme deux petits pieds. Mal à Césarine. Mal à l’ange aux entrailles, et mal à l’autre enfouie, son enfance.


L'auteur : Antoine Wauters



Antoine Wauters (né en 1981 à Liège) est philosophe de formation. Il a enseigné le français et la philosophie de 2005 à 2008, année où paraissent ses premiers livres, notamment « Debout sur la langue » (Prix Emile Polak de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, 2008). Convaincu que la littérature se transmet, en plus du support livre, par le corps et la voix, il fait régulièrement des lectures de ses textes, notamment à Bruxelles, Paris, Berlin, Beyrouth… Depuis 2010, il travaille également dans le domaine de l’édition et comme scénariste pour le cinéma (« A New Old Story », court-métrage d’Antoine Cuypers, avec le chanteur Arno, récompensé dans de nombreux festivals).
En 2012 et 2013, Césarine de nuit a été plusieurs fois porté sur scène par la comédienne Isabelle Nanty, en compagnie de l’auteur. Son roman "Nos mères" a remporté le Prix Première 2014.

Source BELA

Mon avis sur "Nos mères" et "Sylvia"



Mon avis


Une publication qui remue et ne laisse pas indifférent.


Césarine et Fabien sont jumeaux, un jour à l'image du "Petit Poucet", leurs parents les abandonnent. On ne veut plus d'eux. Ils ont douze ans à l'époque, ils sont en manque d'amour, c'est le rejet total. Ils sont fusionnels et ensemble ils vont essayer de survivre sous les ponts, sous les tôles.
Ils seront enfermés.  Césarine a frappé un homme de colère.  Ils sont séparés, ils se chercheront...

C'est violent, un récit à la chronologie perturbée, cela déstabilise.  C'est un texte dur avec des "mots doux" dit Antoine Wauters.

Un poème, un conte mais un conte cruel qui nous parle de l'abandon mais surtout d'une révolte de notre société intolérante prête à tout pour que l'on rentre dans les balises.  Une société qui refuse la différence.

Elle rêve d'amour, lui des mots, outil d'évasion, de liberté.

Un texte lumineux.  Une forme inhabituelle, j'ai eu un peu de mal à "rentrer dedans" à trouver le fil d'Ariane mais une fois dedans, je n'ai plus su le lâcher.

J'ai apprécié cette lecture commune dans le cadre du mois belge.

Découvrez les avis de Lili des BellonsMoglub,Anne L, Anne
Ma note  8/10

Les jolies phrases



Des feux.  Dans des  tonneaux.  A la
surface desquels sont  cuits et  dorés
sur la tranche les marrons glanés dans
les rues,  et réchauffés les mains,  les 
doigts,  tout le corps fracassé de nuit.
Des feux. Sous le pont. Dans les ton-
neaux à vin.  Des  feux qui les protè-
gent  d'un  mourir  soudain  dans  le
froid,  d'un finir brusque dans la jeu-
nesse.


Césarine bleue de peur.   Si tout à coup
 elle  court,  car elle  court  tout à coup,
 c'est  pour  échapper  à  l'emprise   des
 fusées,  aux bolides en  cagoule  de  la
 ville  aux  abois,  mordre au  cou,  aux
chevilles, échapper  aux  orvets du  tra-
vail et du temps, boucs filant mauvaise
mine et maladies de mort.  On  brûlera 
Césarine.   On l'attrape  un matin.  Il y
 a longtemps. Il n'y a plus rien.


vendredi 15 avril 2016

Les chemins de Compostelle Tome 2 Servais

Les chemins de Compostelle 

Tome 2  L'ankou, le diable et la novice

Servais



Dupuis
Hauteur : 320 mm / Largeur : 240 mm
ISBN/Code-barre: 9782800163598
Date de parution : 09/10/2015
Prix : 16.50 EUR

Avis de l'éditeur


À la pointe Saint-Mathieu, dans le Finistère, un crime odieux a été commis. Dominique, un jeune vagabond qui rôdait dans le coin cette nuit-là, rejoint un groupe de marcheurs à leur point de départ des chemins de Compostelle bretons. L'Ankou, personnage légendaire de la mort, les regarde partir.
Au même moment, Blanche, dans les Ardennes, passe par la ligne Maginot.
Le personnage de la mort hante les lieux...
Le mystérieux Dominique disparaît ensuite du groupe de marcheurs. À l'occasion d'un fest-noz, grand bal breton, son chemin croise alors celui de Céline, partie seule du Mont-Saint-Michel. Ensemble, ils quitteront le chemin traditionnel vers Compostelle pour se rendre dans la forêt de Brocéliande, toute proche, lieu magique et légendaire, mais pas sans danger ?!

Avec la même ambition graphique et descriptive que dans le précédent tome, Jean-Claude Servais s'attache à décrire avec précision l'atmosphère, l'histoire et le mystère des lieux traversés par ses personnages et fait ainsi voyager ses lecteurs.


Mon avis

On retrouve les quatre personnages du premier album en route pour leur pèlerinage.

Blanche ou la petite licorne, sur les traces de son grand-père au départ de Belgique.

Céline qui avant de prononcer ses voeux, quitte le monastère du Mont Saint Michel.

Dominique , le plus mystérieux au départ de la Pointe du Finistère, dans un groupe de randonneurs.  Il disparaît du groupe, de l'argent a disparu, des corps sont retrouvés sur son passage.

Reste Alexandre plus discret dans cet épisode, il a perdu sa femme et sa fille en montagne.

En leur compagnie nous allons traverser les Ardennes , la région de Sedan et Charleville, sur les traces de son histoire , Rimbaud... mais aussi Rennes et la forêt de Brocéliande et ses légendes.

Comme à chaque fois Servais excelle au niveau graphisme pour nous raconter les us et coutumes, les légendes des villes parcourues.  J'ai eu un peu plus de mal à rentrer dans l'histoire, plus noire peut-être comme la couverture.  Le scénario étant à mon sens un peu plus difficile à se remettre en place, sans doute l'inconvénient d'attendre longtemps avant de lire la suite. Malgré une petite faiblesse de scénario, j'ai pris autant de plaisir de retrouver ce magnifique graphisme.


Ma note 7.5/10



Mon avis sur le Tome 1 est ici



mardi 12 avril 2016

La balade des pavés Sylvie Godefroid ♥♥♥♥♥



La balade des pavés


Sylvie Godefroid
La balade des pavés

Genèse éditions
Nombre de pages : 174
ISBN : 9782930585789
Format : 13,5 x 21
Parution : 14/01/2016
Format ePub : 12,99 €
Format Papier : 19,00 €


Présentation de l'éditeur


Préface de Barbara Abel


Lola ne dort plus depuis l’annonce d’une boule sous son sein. Alors elle sort de chez elle en pleine nuit. Les pavés de sa ville l’appellent. Une façon de se recentrer, de faire le point et de se préparer à des jours douloureux. De rencontres en rencontres, Lola voyage dans les quartiers d’une ville comme dans les coulisses de sa féminité, de ses orages anciens, de ses déchirures mais surtout, elle voyage dans un désir de plus en plus grand de vivre, de rire, de grandir !

La balade des pavés, c’est la balade d’une femme dans les couloirs d’un temps qui commence à compter. C’est la balade du courage et de l’amour. Ça pourrait être votre histoire.



Sylvie Godefroid est née à Charleroi en 1973. Après des études de communication à Bruxelles, elle s’investit dans le paysage culturel belge. Engagée à la SABAM (Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs) comme assistante de rédaction, elle évolue vers la création d’événements et le soutien à la littérature. Sylvie siège à la commission des Lettres (Wallonie-Bruxelles) depuis 2012. Son premier roman, L’Anagramme des Sens a été adapté au théâtre en 2015.


Mon avis

C'est à la Foire du Livre de Bruxelles que j'ai fait la connaissance de Sylvie Godefroid.  Il me tardait de lire son second roman : "La balade des Pavés".

Un titre intriguant.  Lola notre héroïne souffre d'insomnie, elle enfile alors ses bottines crème et part battre le pavé en quête d'apaisement car plus rien ne va plus dans sa vie depuis quelques jours.  On a découvert une petite boule sous son sein gauche.  On comprend son trouble.

Lola la chance est désarmée, elle doit accepter la situation qui la terrorise.  Elle marche au hasard des pavés de Bruxelles cherchant la paix.

Elle fera des tas de rencontres ; Emérance dans le tram, Jacqueline dans les Marolles... C'est bizarre mais c'est plus facile de parler, de se livrer à des inconnus.

Au fil de ses rencontres, elle se rend compte qu'elle n'est pas la seule à souffrir, chacun porte sa croix, ses peines.  Emérance et sa solitude ,  Polo le déchu qui a tout perdu, une mère meurtrie par la perte d'un enfant.... Non, Lola n'est pas seule.  Avec elle dans les divers quartiers de Bruxelles - une belle façon de (re)découvrir la capitale - elle va en rencontrant les autres, se découvrir elle-même.

Ces expériences partagées vont lui donner la force de se construire, de relativiser, de lâcher prise et de faire face à ses peurs bien légitimes.  Son combat contre le crabe sera féroce.

Un livre magnifique sur les relations humaines, l'amitié, le courage, un combat.  Un témoignage également sur l'image que l'on a de soi, sur la peur de la perte de féminité, sur le dialogue et l'affrontement de ses peurs.

Quelle émotion au final du livre.  Le combat c'est la vie.  Une plume très riche.  Chaque rencontre évoque un peu les nouvelles par la forme.  Cela m'a un peu déstabilisée au départ mais Sylvie Godefroid sait ce qu'elle fait car au final ce récit lumineux coule de source.

Très bel hommage à la vie que je vous conseille vivement.

Un coup de coeur.

Les jolies phrases

Il n'y a pas de hasards, il n'existe que des rendez-vous. De ceux qu'on prend et d'autres qu'on ne prend pas.

La théorie est mon domaine, la pratique mon illusion.

Je m'enfonce dans mille projets pour confondre mes questionnements et passer à travers le tissu de ma solitude sans en essuyer les revers.

La vie ne tient à rien?  Même pas à un fil.  Un jour, on est.  Le lendemain, plus rien n'existe.  Ne demeure que le souvenir qu'on peut avoir de nous.

La guerre contre le crabe ne souffre d'aucun délai.  L'état d'urgence est déclaré.

La balade des pavés soulage et libère mon esprit en meurtrissant mes pieds.

On bascule si vite de tout à rien quand la vie pèse du poids de l'inertie, quand les vertiges vous avalent.

Pour être sincère, je n'ai plus rien à dire. Plus rien à écrire. J'ai perdu le goût du mot en le trempant dans l'encrier de l'écoute.

Je recherche surtout l'apaisement dans le regard des autres, la légèreté des propos dans les rencontres libres qu'en d'autres circonstances je n'aurais pas permises.

Je me rends compte que plusieurs états se succèdent à l'annonce d'un cancer : le déni puis l'incompréhension puis la peur.  Ils débouchent sur la colère qui déborde, elle, sur un sentiment d'injustice en même temps que des orages intestinaux terrassent nos dernières forces.  Le corps affronte l'esprit dans un impitoyable combat, une course contre la montre s'inscrit en filigranes de nos actes les plus anodins. Comme si on avait peur de ne plus avoir de temps devant soi. Puis vient le temps de l'acceptation.  Puis l'esprit continue à rejeter le constat que le corps imprime en tumeur.  On a le sein qui saigne les maux d'une vie en péril.  Cette boule, on n'en veut pas.  Mais elle est là.  Faut faire avec.

Les mots sont des valises que l'on dépose.

Pleurez, Lola, pleurez tant que vous voulez.  Les larmes qui nous noient sont celles qu'on garde à l'intérieur.

Il faut s'aimer d'une grande intensité pour pouvoir s'engueuler librement.





lundi 11 avril 2016

La galerie des maris disparus Natasha Solomons

La galerie des maris disparus


Natasha Solomons


Le Livre de Poche
n° 34023
456 pages
Date de parution: 10/02/2016
EAN / ISBN: 9782253194415
Prix : 7.90 €

Présentation de l'éditeur

Londres, fin des années 1950. Le jour de son anniversaire, le mari de Juliet Montague s’est volatilisé. Ni veuve ni divorcée, elle n'a pas le droit de refaire sa vie selon les règles de la communauté juive à laquelle elle appartient. Elle s'efforce d'assumer le quotidien et d'élever au mieux ses deux enfants, Frieda et Leonard. Un an plus tard, alors qu’elle fête ses 30 ans, Juliet prend une décision insensée : elle s'offre un portrait à son effigie. C’est le début d’une nouvelle vie. Passionnée de peinture, elle va peu à peu repérer les talents émergents, frayer avec le gotha artistique de la capitale et ouvrir sa propre galerie. Seulement, la jeune femme reste enchaînée. Pour se sentir tout à fait libre, il lui reste un mystère à élucider...

Un roman d’émancipation passionnant par l’auteur du Manoir de Tyneford.

Une belle leçon de féminisme ! Figaro Madame.

Mon avis


Tout commence en 1958. Juliet Mortague va avoir trente ans. Elle part en ville pour s’offrir un frigidaire. Chemin faisant elle rencontre un peintre ; Charlie Fussel, et avec les 21 guinées en sa possession elle s’offrira un portrait d’elle en lieu et place du frigidaire. Ce portrait va changer le cours de sa vie et sera le début de son émancipation.

Il faut dire que Juliet est juive et vit sous le poids de la tradition de sa communauté. Son sort n’est pas enviable, en effet son mari Georges l’a quittée un an plus tôt, la laissant avec ses enfants Frieda et Charlie.

Selon la loi juive, elle est montrée du doigt, c’est une « aguna », elle n’a pas su garder son mari et seul celui-ci peut demander le divorce.

Lorsqu’il est parti Georges a emporté avec lui non seulement de l’argent mais aussi un portrait de Juliet enfant. Ce tableau était très important pour Juliet.

Juliet a un don pour trouver des talents. Par le biais du peintre Charlie, elle va avoir l’occasion d’ouvrir la Wednesday Gallery, sa propre galerie d’art.

Dans la galerie des maris disparus on part à la découverte du monde de la peinture des années 60 à 2000. Divers peintres vont faire le portrait de Juliet.

Le roman est construit de façon intéressante, nous parcourons un catalogue d’expo, chaque tableau est numéroté et reprend une période de la vie de notre héroïne et de sa famille.

Une bien jolie galerie de portraits (oui je sais c’est facile) qui nous les dépeint au sens propre comme au sens figuré. Petit à petit à travers chaque toile, c’est une vie qui est racontée, une facette de la personnalité de Juliet.

On sent le poids des traditions qui se perpétuent en suivant le destin des enfants de Juliet , l’occasion d’être en immersion avec les traditions juives, les fêtes, les lieux, les cultes et autres recettes culinaires.

Un récit frais, original et agréable. Joli récit sur l’émancipation féminine.


Ma note : 8.5/10

Les avis d'autres jurés : BiblizaPaulineAnne-Laure

Une lecture commune avec Julie des Petites Lectures de Scarlett  son billet est ici









Les jolies phrases

Quelle importance si une belle femme ne sait pas cuisiner ?  Les restaurants ne sont pas faits pour les chiens.

Peu m'importe la mode dans les arts car, à vrai dire, j'ignore ce qui est tendance ou ce qui ne l'est pas.  Je choisis une oeuvre par rapport au frisson qu'elle me donne.  Les tableaux réunis ici ont cet effet sur moi.  J'espère qu'ils provoqueront aussi en vous l'impression que quelque chose remue dans votre âme.

A vrai dire, je n'ai plus besoin de Dieu, mais je ne peux vivre sans l'art.

Son coeur était plein de grisaille comme s'il avait été lavé avec du linge blanc parmi lequel s'était glissée par erreur une paire de chaussettes noires.

Ce n'était pas un mensonge puisque j'ignorais la vérité.  Penser qu'une chose est vraie n'est pas mentir, n'est-ce pas ?

Les secrets les plus faciles à garder sont ceux dont tu ignores tout.

Chacun des portraits captait un morceau d'elle.  Aucun d'eux ne représentait toute sa personne, mais en montant ou descendant rapidement l'escalier, on traversait une foule de Juliet.

Quand nous mourons, nous exhalons ce souffle et nous retournons à la poussière.  Mais ces tableaux le contiennent, ce souffle.  Ce n'est pas Dieu qui gonfle de vie ces oiseaux roses dans le ciel, ces baigneurs batifolant dans l'eau pure et glacée, mais Charlie, Jim, Max ou Philip.

Elle avait cru qu'elle vivrait toute sa vie dans une illustration en noir et blanc jusqu'au jour où elle avait découvert qu'elle était passée dans une autre version de celle-ci, une variante colorée à la main.

Max était différent des autres hommes.  Mais c'était bien pour cela qu'elle l'aimait.  C'était comme s'il manquait un morceau à leur être, celui de Max et le sien. Aucun des deux n'essayait de combler ce vide avec l'autre, mais ils se tenaient compagnie, adoucissant leur solitude respective.

L'incertitude est pourtant source d'un certain plaisir.


Sélection du Prix des lecteurs du Livre de Poche   Février 2016

dimanche 10 avril 2016

Elvis Cadillac Nadine Monfils

Elvis Cadillac

King from Charleroi


Nadine MONFILS

Fleuve Editions
Date de parution : 3 Mars 2016
Nombre de pages : 240
Format : 140 x 210 mm
Série : La Littérature
EAN 9782265099487
Prix conseillé : 17.90 €


Présentation de l'éditeur

Avec sa chienne Priscilla affublée d'une banane rose, Elvis sillonne les routes au volant de sa Cadillac ornée de cornes de vache pour aller donner des concerts. Abandonné à l'âge de 5 ans près des toilettes d'un restoroute, il a été recueilli par un couple d'épiciers fans de Georgette Plana, et est devenu Ze sosie officiel du King ! Invité à chanter pour l'anniversaire d'une vieille châtelaine, sur l'air de «Blue Moon», il va se retrouver au coeur d'un crime bien étrange, avec en prime une panoplie de pétés du couvercle, dont le chat Houellebecq qui a des mycoses aux pattes. Yeah !

Mon avis


Elvis Cadillac est né à Charleroi. Sa mère l'abandonne lorsqu'il a cinq ans. Lui il se construit en pensant qu'elle a été kidnappée. Il est recueilli chez Monsieur et Madame Bismut, épiciers.

Un livre : "Oliver Twist" changera sa vie et l'ouvrira à la littérature.

Au décès de ses parents adoptifs, il vendra tout et s'achètera une cadillac rose. Il montera aux Marolles, à la capitale quoi, pour faire carrière.

Il aime boire un pot avec les gens dans les bistrots. Son truc c'est de chanter dans les salles paroissiales et aux anniversaires, d'être près des gens, de les rendre heureux en chantant.

Il vit avec Priscilla, sa chienne, un carlin qui rote et qui pète. Elle est magnifique avec sa banane rose. Il est heureux comme ça.

Un jour, on sonne à sa porte et le cauchemar commence... C'est Raymonde Pirette, sa mère qui rapplique. Elvis a 40 ans, cela fait donc 35 ans qu'il l'a croit prisonnière, séquestrée quelque part dans une cave.. C'est sa mère quoi, il veut lui faire plaisir.

Elle, elle veut faire de lui "la nouvelle star", elle veut devenir son impresario, se faire du pognon, diriger sa carrière. Elle lui engage un coach, Bouli, un ignare sans culture.

Priscilla est dans le collimateur de Raymonde, elle ne lui veut pas du bien...

Elvis va chanter pour l'anniversaire d'Olivia, une châtelaine qui va fêter ses 80 printemps. Elle adore la chanson "Blue Moon" qui l'a fait rêver et revivre son passé.

Un crime aura lieu.

Avec ce nouveau personnage, Nadine Monfils réussit une nouvelle fois à me convaincre, on rit, c'est une galerie de personnages frappés tous aussi allumés les uns que les autres.

C'est un roman sur les sosies dans lequel Nadine Monfils distille un peu d'érotisme, des personnages déjantés, du polar mais on parle aussi de littérature. Notre anti-héros aime lire depuis la découverte d'Oliver Twist , il y a un chat qui se nomme Houellebecq et qui a des mycoses aux pattes par exemple ...), et l'intrigue se base sur "La mort heureuse" de Camus.

En route à la recherche du bonheur, quels qu'en soient les moyens...

J'ai beaucoup aimé les annotations, traductions très personnelles des expressions belges pour nos amis français, c'est pour moi un livre dans le livre. Le surréalisme belge est bien au rendez-vous.

C'est fluide, agréable, on ne se prend pas la tête, un remède contre la morosité.

Pour passer un bon moment, embarquez dans la cadillac rose du King en compagnie de Priscilla et sa banane....

Un coup de coeur


Les jolies phrases


La culture, ça se déguste aussi dans les bistrots, tu trouveras plus facilement Dieu au fond d'un verre dans un sac Vuitton.


Je crois au King. Lui au moins il fait rêver les gens. Dieu, c'est comme les politiciens : y a longtemps qu'on n'y croit plus.


Les rêves, c'est la seule chose qui te donne envie de te battre.

Tu peux lire tous les bouquins que tu veux, la seule clef est celle qui ouvre la porte de tes rêves.  Tu peux te sentir libre en taule et prisonnier au milieu de l'océan.  Les vrais barreaux sont ceux que tu construis dans ta tête.  Deviens le roi de l'évasion.

Elle aimait vraiment le théâtre.  Mais à force d'être un bateau qui navigue vers le vide, elle y allait aussi, sans s'en rendre compte.  L'imagination ici n'était pas de mise.  On était dans l'univers plat des mots creux et de l'intellectualisation.  Mais tu comprends, plus celui celui qui débite des conneries a l'air intelligent.

Bah, fit Raymonde, se perdre, c'est pas grave.  Ce qui est pire, c'est de ne jamais se trouver.

Il n'avait pas vu qu'elle était enceinte.  De toute façon, il ne voyait jamais rien, comme les gens qui ont peur de perdre leurs illusions.  Il avait construit sa zone de bonheur et personne ne pourrait l'en déloger. Celui des autres passait d'abord par le sien.

Lui, il était heureux comme il était.  Sa chienne, ses potes de bistrot, ses bouquins, ses concerts...sa petite vie d'avant lui convenait très bien et il n'avait nulle envie de décrocher la lune.  Trop d'ambition tue le plaisir.  Il ne voulait pas risquer de se perdre.  Mais il se sentait pris dans la toile d'araignée à qi il devait la vie.

Comme quoi, s'envoyer en l'air est plus efficace qu'une thérapie et coûte moins cher.

Les surprises font surtout plaisir à ceux qui les concoctent.

Tout ce qui lui importait, c'était de faire fructifier son pactole, vu qu'aujourd'hui les banques ont flingué l'écureuil et que tes noisettes tu peux te les carrer où j'pense.

Aimer c'est avoir l'âge des contes de fées, tout en sachant que derrière les roses se cachent des ogres et des sorcières. Pas de frissons sans Barbe bleue. Et pas d'aventures si tu ne ramasses pas la clef tachée de sang. Elle connaissait les dangers des vraies histoires d'amour et avait toujours été attirée vers cette flamme qui risque de vous brûler le coeur. C'était pour elle les meilleurs moments de sa vie. Ceux où elle s'était mise en danger.  Elle détestait le confort du quotidien dans lequel, comme beaucoup de gens, elle s'était engluée.  Nous sommes pareils à ces oiseaux perdus au bord d'une plage et qui finissent par ne plus pouvoir voler, parce qu'un paquebot a pollué tout le rivage avec l'essence qui s'en est échappée.  Ses plumes étaient collées depuis longtemps, et voilà que, soudain, elle se remettait à battre des ailes.

On sait très bien que le quotidien est un serial killer.  On peut tout assassiner, sauf les sentiments.

La mort n'est rien d'autre que des grandes vacances d'où tu ne reviens jamais.

Il croyait aux signes et aux messages des songes. Passionné par la science des rêves, il avait lu pas mal d'ouvrages à ce sujet et savait que l'ombre symbolise une inquiétante vérité refoulée au plus profond de soi.  Mais cette signification s'appliquait tout autant à lui car il n'ignorait pas que les personnages qui hantent nos nuits ne sont jamais que de multiples facettes de nous-mêmes. Il y a forcément un effet miroir, comme dan tout ce que nous choisissons.

D'expérience, il savait qu'un testament est un ver dans le fruit et finit toujours par ronger ce qui reste de bon.

Il était profondément blessé et se dit que les mots sont des souliers troués dont les histoires ne parlent qu'à ceux qui les portent. Mais que leur franchise peut parfois tuer bien plus cruellement qu'un coup de poignard.


vendredi 1 avril 2016

Sélection d'avril du Prix des lecteurs du Livre de Poche 2016

Sélection d'avril Prix des lecteurs du Livre de Poche 


SILO      

Hugh HOWEY

Silo

Le livre de Poche 33998
Traduit par Yoann Gentric et Laure Manceau
744 pages
Date de parution: 13/01/2016
EAN / ISBN: 9782253183532
Prix : 8.60 €

Dans le registre Science-fiction, j'en ai entendu beaucoup de bien.  Je vais pouvoir me faire mon idée.


RÉSUMÉ

Dans un monde postapocalyptique, quelques milliers de survivants vivent dans un silo souterrain de 144 étages. Presque tout y est interdit ou contrôlé, y compris les naissances. Ceux qui enfreignent la loi sont expulsés en dehors du silo, où l’air est toxique. Avant de mourir, ils doivent nettoyer les capteurs qui retransmettent des images brouillées du monde extérieur sur un écran géant. Mais certains commencent à douter de ce qui se passe réellement dehors.

Hugh Howey est un phénomène éditorial mais aussi un auteur qui sait manier les thèmes sociaux, politiques tout en maintenant une tension fictionnelle très forte.
Christine Ferniot, Télérama.

Silo est un projet littéraire à l’image de l’habitacle qu’il décrit: simple, mais grouillant et hors norme. Une révélation. Hubert Artus, L’Express.


VERNON SUBUTEX

Valérie Despentes

Vernon Subutex, Tome 1

Le livre de Poche 34047
432 pages
Date de parution: 02/03/2016
EAN / ISBN: 9782253087663
Prix 7.60 €

Encore un qui m'intrigue, contente de le découvrir.



RÉSUMÉ

Qui est Vernon Subutex ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d'un secret.
Le dernier témoin d'un monde révolu.
L'ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.

Magistral et fulgurant. Une œuvre d'art. François Busnel, L'Express.

Dans cette peinture d'une France qui dégringole dans la haine et la précarité, Virginie Despentes touche au sommet de son art. Alexis Brocas, Le Magazine littéraire.

Une comédie humaine d'aujourd'hui dont Balzac pourrait bien se délecter. Pierre Vavasseur, Le Parisien.

La végétarienne

Han Kang

La Végétarienne

Le livre de Poche 3464
Traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot
216 pages
Date de parution: 02/03/2016
EAN / ISBN: 9782253067900
Prix : 6.60 €


RÉSUMÉ


Une nuit, elle se réveille et va au réfrigérateur, qu’elle vide de toute la viande qu’il contient. Guidée par son rêve, Y nghye a désormais un but : devenir végétale, se perdre dans l’existence lente et inaccessible des arbres et des plantes. Ce dépouillement qui devient le sens de sa vie, le pouvoir érotique, floral, de sa nudité vont faire voler en éclats les règles de la société, dans une lente descente vers la folie et l’absolu.

Une très troublante fable. Olivier Barrot, « Un livre, un jour ».



Bilan de lecture de mars

C'est le printemps qui arrive et le temps du bilan lecture.

Agenda bien rempli avec peu de soirées libres, un peu moins de lecture mais c'est pas mal malgré tout car il y a deux pavés dans le bilan.

Comme chaque mois, cliquez sur la couverture, si le billet a été publié vous allez le trouver.

Un peu d'humour et de légèreté ça fait du bien et puis c'est du belge.



On reste en compagnie d'un auteur belge pour un polar historique .




Dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche, une bouffée d'oxygène et d'humour, un récit plein d'humanité et de bonne humeur.



Dans un autre registre un portrait de notre société d'un François à un autre.  De Mitterrand à Hollande. A la recherche du bonheur.




En route pour la Tchétchénie.


Un album magnifique qui se passe sur une île bretonne durant le première guerre mondiale.  Un régal.


J'ai aussi lu le second volet de "Les chemins de Compostelle" de mon compatriote Servais



  Et je termine le mois avec du belge encore, j'ai découvert une plume magnifique, celle de Sylvie Godefroid.